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« Agence de Conversation »
Du 15 au 28 mars 2003
Festival Cité Plurielle | Échirolles


Alors que s’annonce la guerre en Irak, nous nous voyons confier une carte blanche par le Festival Cité Plurielle d’Échirolles dans le cadre de la semaine internationale contre le racisme.
Nous avons choisis d’aller à la rencontre des gens qui ne constituent pas le public habituel du festival en implantant notre « Agence de Conversation », sous une forme légère et mobile, sur les marchés, les places publiques et les arrêts de trams. Nous y avons proposé des « Conversations Artisanales » et confronté les paroles, puis nous avons rassemblé cette « mémoire de trottoir » sous la forme d’un journal affiché sur les murs de la ville, nous avons contaminé le quartier de petites annonces : « PERDU : toute notion de territoire, forte récompense » ;
« ACHÈTE : images de marques pour exister » ; « Militant sans parti cherche à s’intégrer »
; … Nous avons édité - en cours de route - une série de carte postale pour poser les questions : « C’est quoi être normal ? » ; « À quoi reconnaît-on un étranger ? » ; « Être différent, combien ça me coûte ? » ; « De quoi avez-vous peur ? »…

Avec : Corinne Pontier, Emmanuelle Leperlier, Evelyne Lonchampt, Fabienne Scudler, Gilles Guégan, Tomas Bozzato, Stéphane Laporte, Florian Golay, Marine Rivoire, Vincent Verlé, Cécile Léonardi, Pierre Grosdemouge, Fred Pailler.

 


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« Ici e(s)t Ailleurs »
Ilotopie, Le Citron Jaune | Port-Saint-Louis du Rhône
Le Cargo-Maison de la culture | Grenoble


Longue étape de notre exploration des usages de l’espace public, des modalités de communication et de représentation, le cycle de travail « Ici e(s)t Ailleurs » a été un double voyage : entre Grenoble, en coproduction avec le Cargo et Port-Saint-Louis du Rhône, avec plusieurs résidence chez Ilotopie.
Depuis lors, nous nous consacrons à rendre compte des multiples rencontres, conversations, détails et évènements qui ont émaillé cette période sous la forme d’un livre et d’un disque qui paraîtront en janvier 2004.

> du 22 au 30 janvier 2002, première résidence à Port-Saint-Louis du Rhône. « Découvrir et se faire découvrir discrètement », ne pas se révéler trop vite en tant qu’artistes en résidence chez Ilotopie. Faire du stop – par deux – autour et à travers la ville pendant deux jours, prendre le bus, marcher sur le port, jusqu’à la plage, dans les terrains vagues, le long du Rhône, fréquenter les bars, les lotos, parler à des passants, enregistrer des sons, prendre des photos et des notes, dessiner… Nous avons posé de nuit des affiches faites au marqueur, sur les thèmes de l’étranger et de l’autorisation d’affichage sauvage : « combien vaut une conversation avec un inconnu ? », « temps d’expression limité », etc. Nous avons aussi collé un peu partout (cabines de téléphone, poteaux, etc.) des petites annonces : « perdu BMW noire avec vitres fumées et forte musique à l’intérieur », etc., des poèmes et des lettres d’amour faites pendant notre court séjour…

> du 10 au 17 mars 2002,
deuxième résidence à Port-St-Louis-du Rhône. Nous avons continué à disséminer des signes dans la ville, nous y avons ajouté une vingtaine de chaises peintes en orange fluorescent posées devant des immeubles, dans des jardins publics, sur le parvis de l’église, sur le port, à un rond-point à l’entrée de la ville… Nous avons cette fois tenu un stand sur le marché, où nous proposions : massage de main, recherche d’habitant pour visite guidée de la ville, invité les gens à une soirée dans un café populaire de la ville. Nous avons conclu par cette soirée : « Soirée tranquille au bar idéal », à laquelle nous avions conviés toutes les personnes rencontrées depuis notre 1ere venue et l’équipe d’Ilotopie ; durant cette soirée, nous avons projeté des films et montré des journaux que nous avions réalisé les années précédentes, poursuivi les massages de mains, diffusé des enregistrements sonores réalisés durant notre voyage…

> du 15 avril au 4 mai 2002,
une traversée à pied de l’agglomération grenobloise d’un groupe de dix « nomades presque immobiles », passant par Saint-Égrève, Saint-Martin le Vinoux, Grenoble et Saint-Martin-d’Hères. Mais peu importe la destination le voyage se prolonge dans un temps suspendu : durant 20 jours et 20 nuits, explorons un « temps en friche » et tentons d’y déceler d’autres lumières, d’autres sons, d’autres représentations du quotidien … Nous colportons notre intimité sur les parkings, les places publiques, le long des routes ou des rivières ; et partagons celle des spectateurs du Cargo qui deviennent les hôtes d’un ou deux membres du groupe pour une nuit.

> du 10 au 28 juillet 2002,
troisième résidence à Port-Saint-Louis du Rhône. Dans le cadre de notre résidence chez Ilotopie, nous avons travaillé sur l’idée de la place publique. Nous avons planté nos tentes, installées une cuisine et une salle de bain de plein air ; nous avons nommé cet espace délaissé entre les immeubles « Place des mûriers » et y avons installé une boite aux lettres.
Ce séjour coïncidait avec le festival Envies Rhônement – les 26, 27 et 28 juillet – durant lequel nous étions programmés, donc, en situation de représentation. Poursuivant notre voyage dans « l’infra-ordinaire », nous avons préféré nous installer avant, et ne considérer le festival que comme un instant du processus. Aux dates annoncées, les spectateurs – parfois décontenancés, parfois amusés – venus assister à un spectacle, ou contempler une « installation » se sont retrouvés dans notre lieu de vie provisoire – souvent nez à nez avec un « vrai habitant » qui, parfois, les entraînait dans une visite du quartier et un commentaire de nos interventions. Promenades guidées, projections de films, installations sonores, points de vue clandestins, discussions informelles, buvette…
Un matin, nous avons organisé sur la place des mûriers, une discussion sur la nature de notre démarche. On nous pose parfois la question de la visibilité de notre travail par un public ; nous dirons que, dans le cadre de cette résidence à Port-St-Louis, notre « public », c’est la ville entière. De nombreux habitants ont vu nos tracts, nos affichettes, ont utilisé nos chaises fluo « en libre service », nous ont vus sur le marché masser des mains ou chercher un guide pour visiter la ville, sans savoir qui nous sommes, ni de quoi il en retourne. D’autres, sans bien comprendre ce que nous sommes, sont prêts à nous accueillir chez eux comme de vieilles connaissances …

> du 20 novembre au 25 décembre 2002, nous tenons boutique tous les jours (sauf le lundi) au 53, avenue Alsace-Lorraine à Grenoble, dans un ancien « hotel social » prêté par l’OPALE. D’une hauteur de trois étages, il comportait également un pas-de-porte, dont une grande vitrine. Nous avons installé là une « Agence de Conversation », pour des rencontres informelles et quelques discussions à thème annoncées à l’avance. C’était aussi le point de départ de « randonnées urbaines » dans les interstices urbains : bordures d’autoroutes, jardins ouvriers, hôpital désaffecté, …
Dans la vitrine, les spectateurs peuvent visiter l’installation sonore en libre-service « Schaufenster » en s’installant sur un fauteuil de camping pour écouter un carnet de voyage sonore
Le soir, nous opérons un changement d’identité du lieu : l’Agence ferme et le public est invité à la « White Box » pour une soirée intitulée « Les paysages étaient extraordinaires ». Une fois traversée, la « White Box » se révèle n’avoir été qu’un trompe-l’œil, tout comme la façade et le programme du Cargo … les spectateurs se retrouvent livrés à eux-même, déambulant dans une cage d’escalier, des chambres, un restaurant clandestin. Le temps se dilate à la mesure des rencontres et les limites deviennent floues entre acteurs, spectateurs, habitants ou voyageurs …

> du 15 au 25 janvier 2003,
dernière résidence à Port-Saint-Louis : la boutique « El Funken », Esplanade de la Paix. Nous menons une expérience similaire à celle du 53, avenue Alsace-Lorraine à Port-Saint-Louis, en occuppant un pas-de-porte à côté d’un centre commercial. Là aussi, la boutique devient un lieu de rencontres et de conversations ou de tricot … le temps se ralentit.

Avec : Corinne Pontier, Emmanuelle Leperlier, Evelyne Lonchampt, Fabienne Scudler, Gilles Guégan, Tomas Bozzato, Stéphane Laporte, Marine Rivoire, Vincent Verlé, Cécile Léonardi, Pierre Grosdemouge, Fred Pailler, Manu Fleury, …