«
Ici e(s)t Ailleurs »
Ilotopie, Le Citron Jaune | Port-Saint-Louis
du Rhône
Le Cargo-Maison de la culture | Grenoble
Longue étape de notre exploration des usages de l’espace
public, des modalités de communication et de représentation,
le cycle de travail « Ici e(s)t Ailleurs » a été
un double voyage : entre Grenoble, en coproduction avec le Cargo et Port-Saint-Louis
du Rhône, avec plusieurs résidence chez Ilotopie.
Depuis lors, nous nous consacrons à rendre compte des multiples
rencontres, conversations, détails et évènements
qui ont émaillé cette période sous la forme d’un
livre et d’un disque qui paraîtront en janvier 2004.
> du 22 au 30 janvier 2002, première résidence
à Port-Saint-Louis du Rhône. « Découvrir et
se faire découvrir discrètement », ne pas se révéler
trop vite en tant qu’artistes en résidence chez Ilotopie.
Faire du stop – par deux – autour et à travers la ville
pendant deux jours, prendre le bus, marcher sur le port, jusqu’à
la plage, dans les terrains vagues, le long du Rhône, fréquenter
les bars, les lotos, parler à des passants, enregistrer des sons,
prendre des photos et des notes, dessiner… Nous avons posé
de nuit des affiches faites au marqueur, sur les thèmes de l’étranger
et de l’autorisation d’affichage sauvage : « combien
vaut une conversation avec un inconnu ? », « temps d’expression
limité », etc. Nous avons aussi collé un peu partout
(cabines de téléphone, poteaux, etc.) des petites annonces
: « perdu BMW noire avec vitres fumées et forte musique à
l’intérieur », etc., des poèmes et des lettres
d’amour faites pendant notre court séjour…
> du 10 au 17 mars 2002, deuxième résidence
à Port-St-Louis-du Rhône. Nous avons continué à
disséminer des signes dans la ville, nous y avons ajouté
une vingtaine de chaises peintes en orange fluorescent posées devant
des immeubles, dans des jardins publics, sur le parvis de l’église,
sur le port, à un rond-point à l’entrée de
la ville… Nous avons cette fois tenu un stand sur le marché,
où nous proposions : massage de main, recherche d’habitant
pour visite guidée de la ville, invité les gens à
une soirée dans un café populaire de la ville. Nous avons
conclu par cette soirée : « Soirée tranquille au bar
idéal », à laquelle nous avions conviés toutes
les personnes rencontrées depuis notre 1ere venue et l’équipe
d’Ilotopie ; durant cette soirée, nous avons projeté
des films et montré des journaux que nous avions réalisé
les années précédentes, poursuivi les massages de
mains, diffusé des enregistrements sonores réalisés
durant notre voyage…
> du 15 avril au 4 mai 2002, une traversée à
pied de l’agglomération grenobloise d’un groupe de
dix « nomades presque immobiles », passant par Saint-Égrève,
Saint-Martin le Vinoux, Grenoble et Saint-Martin-d’Hères.
Mais peu importe la destination le voyage se prolonge dans un temps suspendu
: durant 20 jours et 20 nuits, explorons un « temps en friche »
et tentons d’y déceler d’autres lumières, d’autres
sons, d’autres représentations du quotidien … Nous
colportons notre intimité sur les parkings, les places publiques,
le long des routes ou des rivières ; et partagons celle des spectateurs
du Cargo qui deviennent les hôtes d’un ou deux membres du
groupe pour une nuit.
> du 10 au 28 juillet 2002, troisième résidence
à Port-Saint-Louis du Rhône. Dans le cadre de notre résidence
chez Ilotopie, nous avons travaillé sur l’idée de
la place publique. Nous avons planté nos tentes, installées
une cuisine et une salle de bain de plein air ; nous avons nommé
cet espace délaissé entre les immeubles « Place des
mûriers » et y avons installé une boite aux lettres.
Ce séjour coïncidait avec le festival Envies Rhônement
– les 26, 27 et 28 juillet – durant lequel nous étions
programmés, donc, en situation de représentation. Poursuivant
notre voyage dans « l’infra-ordinaire », nous avons
préféré nous installer avant, et ne considérer
le festival que comme un instant du processus. Aux dates annoncées,
les spectateurs – parfois décontenancés, parfois amusés
– venus assister à un spectacle, ou contempler une «
installation » se sont retrouvés dans notre lieu de vie provisoire
– souvent nez à nez avec un « vrai habitant »
qui, parfois, les entraînait dans une visite du quartier et un commentaire
de nos interventions. Promenades guidées, projections de films,
installations sonores, points de vue clandestins, discussions informelles,
buvette…
Un matin, nous avons organisé sur la place des mûriers, une
discussion sur la nature de notre démarche. On nous pose parfois
la question de la visibilité de notre travail par un public ; nous
dirons que, dans le cadre de cette résidence à Port-St-Louis,
notre « public », c’est la ville entière. De
nombreux habitants ont vu nos tracts, nos affichettes, ont utilisé
nos chaises fluo « en libre service », nous ont vus sur le
marché masser des mains ou chercher un guide pour visiter la ville,
sans savoir qui nous sommes, ni de quoi il en retourne. D’autres,
sans bien comprendre ce que nous sommes, sont prêts à nous
accueillir chez eux comme de vieilles connaissances …
> du 20 novembre au 25 décembre 2002, nous
tenons boutique tous les jours (sauf le lundi) au 53, avenue Alsace-Lorraine
à Grenoble, dans un ancien « hotel social » prêté
par l’OPALE. D’une hauteur de trois étages, il comportait
également un pas-de-porte, dont une grande vitrine. Nous avons
installé là une « Agence de Conversation »,
pour des rencontres informelles et quelques discussions à thème
annoncées à l’avance. C’était aussi le
point de départ de « randonnées urbaines » dans
les interstices urbains : bordures d’autoroutes, jardins ouvriers,
hôpital désaffecté, …
Dans la vitrine, les spectateurs peuvent visiter l’installation
sonore en libre-service « Schaufenster » en s’installant
sur un fauteuil de camping pour écouter un carnet de voyage sonore
Le soir, nous opérons un changement d’identité du
lieu : l’Agence ferme et le public est invité à la
« White Box » pour une soirée intitulée «
Les paysages étaient extraordinaires ». Une fois traversée,
la « White Box » se révèle n’avoir été
qu’un trompe-l’œil, tout comme la façade et le
programme du Cargo … les spectateurs se retrouvent livrés
à eux-même, déambulant dans une cage d’escalier,
des chambres, un restaurant clandestin. Le temps se dilate à la
mesure des rencontres et les limites deviennent floues entre acteurs,
spectateurs, habitants ou voyageurs …
> du 15 au 25 janvier 2003, dernière résidence
à Port-Saint-Louis : la boutique « El Funken », Esplanade
de la Paix. Nous menons une expérience similaire à celle
du 53, avenue Alsace-Lorraine à Port-Saint-Louis, en occuppant
un pas-de-porte à côté d’un centre commercial.
Là aussi, la boutique devient un lieu de rencontres et de conversations
ou de tricot … le temps se ralentit.
Avec : Corinne Pontier, Emmanuelle Leperlier, Evelyne Lonchampt, Fabienne
Scudler, Gilles Guégan, Tomas Bozzato, Stéphane Laporte,
Marine Rivoire, Vincent Verlé, Cécile Léonardi, Pierre
Grosdemouge, Fred Pailler, Manu Fleury, …
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