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« Arrêt St-Bruno »
24 septembre 2001
présentation de saison du Cargo-Maison de la culture | Grenoble


Dans le cadre de la présentation de saison du Cargo 2001-2002, nous avons transformé pour une journée, l'arrêt de tram « Cargo-Maison de la culture » en épicerie bazar et l'avons re-nommé « St-Bruno ». Cet arrêt de tram se situait en bordure du chantier du Cargo, à quelques centaines de mètres du chapiteau sous lequel avait lieu la présentation de saison. La veille, nous nous étions livrés à un questionnaire auprès de passants autour d’un marché (le marché St-Bruno, à Grenoble) sur des thèmes liés à l’actualité ; les questions et les réponses avaient été réinterprétées et restituées sous forme de petits tracts recto verso distribués, sous le chapiteau, le soir, au public venu assister à la présentation de saison ; en voici quelques exemples : « Combien vaut une idée reçue ? » – « J’ai pas peur des Américains parce qu’ils ont déjà fait la guerre partout, alors c’est normal. Mais j’ai peur des Arabes parce qu’ils font n’importe quoi. », « De quoi avez-vous peur ? » – « J’ai peur de mon dieu. », « C’est quoi le temps perdu ? » – « ça a du sens si on prend le chronomètre, sinon ça n’existe pas », ou encore : « S’il fallait changer quelque chose, ce serait quoi ? » – « Moi j’ai déjà changé de pays, de langue, tout changé, alors… ». Certaines de ces phrases (ainsi que des mots entendus dans la journée) avaient été écrites sur des « éclates » – et scotchés sur l’arrêt de tram épicerie. Trois de ces phrases : « Faut exploser toutes les voitures, Marlboro et les usines à Pastis, supprimer toutes les religions et ça ira mieux. », « Je n’ai pas peur des Américains. » et « On ne le dira jamais assez, Ben Laden est un produit de la C.I.A. » ont motivé une intervention de la police, dans le cadre du plan Vigipirate et conduit à l’interpellation d’un membre du groupe pour « Apologie de crime ».

Avec : Catherine Sicot, Corinne Pontier, Emmanuelle Leperlier, Evelyne Lonchampt, Fabienne Scudler, Gilles Guégan.

 


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« Espace à saisir »
Du 15 juin au 7 juillet 2001
Festival de Théâtre Européen | Grenoble


Programmés dans le cadre du Festival de théâtre européen, nous avons choisi d’explorer les usages de l’espace public, de nous interroger sur le « découpage fonctionnel » de la ville d’aujourd’hui (espaces verts, zones d’activités, rues piétonnes, parkings…).

Du 15 au 30 juin,
nous avons promené notre « coin-salon » dans le centre ville de Grenoble. Autour de ce point de rencontre, nous avons développé des performances et installations : Une « cabine d'essayage du paysage », toile tendue horizontalement à mi-hauteur dans une ruelle, monter sur un tabouret, passer sa tête à travers un trou dans la toile et regarder la moitié supérieure de la rue. Des « chaises à paysages » avec carnet de notes. Une cabine en carton de l'intérieur de laquelle on peut voir des détails de la rue par des petits trous. Un acteur assis sur une chaise avec une pancarte : « parlez-moi ». Diffusion de tracts, affichage. Nous avons recueilli des « mots à perdre » avec une machine à écrire sur des places publiques. Nous avons installé un coin-salon fluo dans la « fête de la lumière », rue Cuvier, organisé un karaoké square des fusillés, déposé des caisses d’objets à glaner et échangé des objets contre des mots sur un marché aux puces (…) Nous avons provoqué des rencontres et de posé la question : « en quoi les espaces inutiles rendent-ils la ville vivable ? » à travers l'exemple d'une friche industrielle …

Du 3 au 6 juillet à 12 h 30 et 20 h 30, nous avons entraîné les spectateurs dans un espace illégal. Par arrêté municipal, la friche est devenue un chantier interdit au public depuis que des travaux y ont commencé. Comment alors, y amener des spectateurs, dans le cadre d'un festival officiel, plusieurs jours d'affilée ? Le Mandrak – situé dans un ancien bâtiment industriel en bordure de la friche – est une salle de spectacle qui peut obtenir un agrément provisoire : nous décidons que ce sera le lieu de convocation du public, pour un spectacle en salle… À l'heure dite, après un sas, la « boite noire » s’ouvrait : projeté dans la friche, en pleine lumière, on « entrait à l'extérieur ». Un acteur/passeur précisait au public l'aspect clandestin et illégal de la visite, engageant la responsabilité des visiteurs. Plongé dans un espace « hors temps », un de ces univers parallèles dont la ville est constituée, le spectateur était convié à une découverte du site, sans guide et généralement plus gêné par cette « disponibilité encombrante » que par la transgression de l'interdit (…) Une accumulation d'interventions révéle la friche du spectaculaire au dérisoire. Il s'agissait de se perdre, de perdre son temps : jardin botanique réaliste et fantaisiste, cabane en paille d'un des trois petits cochons, chantier de fouilles archéologique d'objets du site, simple promenade solitaire, rencontre avec de vrais et faux habitants des lieux, inauguration de lieux cachés, points de vue secrets (…) Seul ou en petits groupes, la promenade a duré plusieurs heures pour certains. On pouvait croiser un aristocrate vivant dans une halle jonchée de détritus ou discuter avec une femme qui présentait un petit livre autobiographique de « mémoires glanées sur le site Bouchayer-Viallet ». Ou encore, s’offrir un point de vue sur l'autoroute, s’asseoir dans un « fauteuil sonorisé » caché dans les buissons, et toujours, des « mots à perdre », des « chaises à paysage » et des petits carnets. La possibilité de discuter de l’avenir de la friche à l'atelier Friche(s) à l'œuvre, acheter un souvenir à l'épicerie-bazar, se chercher un coin à l'ombre pour un pique-nique postindustriel. Et toujours, le grondement continu de l'autoroute en fond sonore… La sortie était à dénicher au fond d’un jardin, une petite porte ouvrant sur un parking, l'autre côté du miroir.

Le 7 juillet, « Théâtre à saisir » au théâtre Le Rio.
Nous avions « drainé » le public du centre à la périphérie, la soirée au théâtre devait être une représentation de cette périphérie au centre, précédée d'une migration : transport (à pieds) de quelques-uns des objets que nous utilisions dans nos installations. Ce « déménagement » a duré une bonne partie de la journée du 7 juillet, avec pique-nique sur la place St-Bruno, pause dans un café, et discussions informelles avec les passants ; nous sommes arrivés au théâtre vers 17h. À 20 h 30, la « représentation » commençait par une diffusion de sons et d’images documentaires, réalisés durant les 20 jours précédents et mixés en direct. Un conférencier expliquait ensuite au public notre incapacité à transporter dans ce théâtre « un décor si fragile » : la friche, la ville ! Après un vrai faux débat – une proposition sur le fil et ambiguë – sur le thème de l'utilisation des espaces en friches, toutes les portes du théâtre s’ouvraient (porte principale, issue de secours, porte donnant sur la scène…) appelant à une circulation entre l’extérieur et l’intérieur ; et les gens retrouvaient nos coins-salons, sur les trottoirs autour du théâtre. Notre envie était d'utiliser le théâtre comme une Agora, mais peut-il y avoir un débat sans contradicteur ? Le lendemain, quelques personnes sont venues nous voir sur la friche où il n'y avait plus rien d'autre que le lieu à découvrir, la friche avait pris un air de vacances.

Avec : Le Théâtre du Chuchotement : Cécile Léonardi, Fred Pailler, Fred Labrosse, Pierre Grosdemouge et Minou Wozniak, 3e sous-sol : Éric Helman, Gérald Touillon et Dimitri de Baisieux, Friche(s) à l'œuvre : François Deck, Catherine Sicot, Florian Golay et Olivier Baudry, les associations : la Barak, le Brise glace et Mandrak, et : Bariza Benmehenni, Corinne Pontier, Emmanuelle Leperlier, Étienne Leroux, Evelyne Lonchampt, Fabienne Scudler, Gilles Guégan, Julia Boix-Vives, Julie Faivre, Ludovic Borel, Mathieu Demouzon, Moricette Xia, Shan Guillard et Tomas Bozzato.

 



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« Auto promotion »
Les 15, 16 et 17 mars 2001,
Chantiers de la Banane bleue | Chambéry


Jeudi 15 mars :
visite du centre ville et conception des actions, collage d'affichettes et étiquetage (prix, slogans publicitaires…) du mobilier urbain, gouttières, détritus… pose (nocturne) « d'éclates » annonçant : 100 % patrimoine, pure culture, architecture, sur la façade du Carré Curial.

Vendredi 16 mars, 9 heures :
petit-déjeuner devant l'entrée de l'Espace Malraux, « espace convivial en accès libre », 10 heures : poursuite de « l'étiquetage » autour du théâtre Charles-Dullin. 11h : « Décoloration massive » : toile cirée, radio-santé, stand de teinture blond platine dans la rue. 12h : « À prendre ou à laisser », mobilier fluo, cagettes d'objets à glaner. 13h : « cabine d'essayage du paysage », une toile tendue horizontalement à mi-hauteur dans une ruelle, monter sur un tabouret, passer sa tête à travers un trou dans la toile et regarder la moitié supérieure de la rue ; pour changer de point de vue, n'hésitez pas à déplacer le tabouret. 14h : stand d'étude comparative de différentes sortes de Vache-qui-rit. 14 h 30 : « Combien je vaux », vingt cartons pour faire la manche, assise par terre, une femme écrit : « si je donne un sourire, combien je vaux ? » - scotchés, posés, donnés. 15h : une femme couverte d'éclates déambule et distribue des rôles… Les traces des installations, actions, collages, étiquetages, objets fluo, sont laissés en l'état toute la journée. Activateurs de parole, nous sommes alors faux passants, observateurs ou bavards.

Samedi 17 mars, 9 h 30 : étiquetage du théâtre Charles-Dullin (100 % culture, grand choix à l'intérieur, tout doit disparaître…), un monticule d'objets fluo est ramené dans le hall d'accueil, objets à prendre ou à laisser. 10 heures : « Interlude » : chanson inventée sur l'air d'un tube démodé, un magnétophone pour accompagner, pas de micro. 10 h 30 : « Tout a déjà eu lieu » : dans la salle du théâtre, diaporama des interventions des jours précédents, diffusion sonore de paroles et bruits de la ville …

Avec : Olivier Baudry, Julia Boix-Vives, Ludovic Borel, Florian Golay, Gilles Guégan, Emmanuelle Leperlier, Evelyne Lonchampt, Corinne Pontier, Gérald Touillon, Fabienne Scudeler.